La truffière au fil des saisons

« Qui dit truffe prononce un grand mot qui réveille des souvenirs érotiques et gourmands chez le sexe portant jupes, et des souvenirs gourmands et érotiques chez le sexe portant barbe. » (Brillat-Savarin)

Dès les derniers frimas de mars, une grande partie des arbres sont bêchés à la tranche à main avec une attention toute particulière pour les arbres producteurs et les brûlés. La pédologie des sols du sud de la Touraine, principalement argilo-calcaire, impose la patience et un sol correctement ressuyé comme signal d'intervention. Avec les aléas météorologiques, ces travaux peuvent s'étaler jusqu'à la fin avril. Vingt minutes par arbre sont nécessaires pour ce travail.

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Aux premiers émois printaniers de la nature, une partie de la truffière s'éveille avec les ronronnements essoufflés du vieux tracteur de l'exploitation. Ce travail mécanique superficiel permet de procéder au décompactage du sol. L'autre partie de la truffière est laissée en état de prairie, où lièvres, lapins, perdrix et autres animaux de la faune locale se partagent le territoire.chene1

Aux portes de l'été, les trèfles rouges et blancs, les chardons et autres graminées prennent leur aise. L'apparition des chenilles transformistes, bientôt papillons, et les coccinelles affamées de pucerons côtoient abeilles butineuses, sauterelles et mille autres insectes dans un environnement exempt de produits phytosanitaires. Les lames du broyeur et le passage du roto fil sont les seules interventions réalisées ponctuellement, pour réguler la végétation présente.

L'été est maintenant installé et ses journées brûlantes aux tendances orageuses tellement tourangelles nécessitent un nouveau diagnostic. Trois semaines de fortes chaleurs sans orages significatifs, et une pluie "artificielle" doit être programmée pour les arbres producteurs et les "brûlés".

"Brûlé" : dès la quatrième année des brûlés sont apparus pour une centaine d'arbres ; les chênes pubescents et noisetiers furent les premiers à réagir à ce phénomène qui fait disparaître partiellement ou en totalité les plantes herbacées qui couvres le sol, sous ou autour de l'arbre.

A noter que la truffe n'est pas le seul champignon à provoquer ce phénomène, dont l'origine ne semble pas à ce jour scientifiquement démontrée. Le brûlé ne garantit pas la récolte de truffes ; il indique simplement la présence microscopique du champignon.

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Avec le mois d'Août, les jours raccourcissent et les soirées aux horizons embrasés sont propices à la recherche d'indices appelés "marques", qui dissimulent parfois la mystérieuse Truffe Noire encore immature. De larges fissures, une boursouflure superficielle du sol, et voilà les signes probables de la présence du diamant noir en plein développement. Confronté à cette naissance prématurée, il faut parfois quelques poignées de terre en guise de couverture pour mieux protéger la secrète Truffe Noire pour le temps qu'il lui reste à passer sous cette terre féconde. Cette période est également consacrée, pour partie , à une taille d'éclaircissement.

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Le reste de la truffière sera soumis à la même intervention pour une taille de formation et de rabattement entre décembre et mars. Octobre et les vendanges sont les indicateurs attendus pour effectuer les dernières tontes et broyages. Ces interventions sont destinées à préparer la truffière pour la prochaine récolte et faciliter le travail de mon compagnon à quatre pattes dans sa quête de Truffes Noires tuber mélanosporum.trufficulture

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